LE MOT DE L’ÉVÊQUE

Monseigneur Stanislas Lalanne, évêque de Pontoise, a décidé d’une ostension exceptionnelle de la Sainte Tunique du Christ à Argenteuil, du 25 mars au 10 avril 2016. Il nous explique pourquoi.

Mgr LalanneLA GRÂCE DE TROIS ÉVÉNEMENTS
J’ai souhaité qu’une ostension exceptionnelle de la Sainte Tunique ait lieu à Argenteuil du 25 mars au 10 avril 2016, sans attendre la prochaine ostension prévue normalement en 2034. Ce choix repose sur trois raisons.

Tout d’abord, en 2016, nous fêtons les 50 ans de ce jeune et beau diocèse de Pontoise. Nous allons donc profiter de l’année qui vient pour entrer dans cette dynamique du Jubilé des cinquante ans, le Jubilé d’Or.

Deuxièmement, le pape François a souhaité, pour 2016, un Jubilé extraordinaire de la Miséricorde, dans le cadre d’une année sainte exceptionnelle. Le 8 décembre 2015, selon la tradition, le Pape François a ouvert la porte sainte de la basilique Saint-Pierre de Rome et inauguré le Jubilé de la Miséricorde. Il se terminera en novembre 2016 pour la fête du Christ-Roi. Cette année est donc centrée sur la Miséricorde.

Dans sa bulle d’indiction Misericordiae Vultus, le Pape a souhaité que dans chaque diocèse du monde, l’évêque ouvre une, voire plusieurs Portes de la Miséricorde. Dans le diocèse de Pontoise, il y a deux Portes de la Miséricorde, que j’ai ouvertes le dimanche 13 décembre 2015 : l’une à la cathédrale Saint-Maclou de Pontoise, l’autre à la Basilique Saint-Denys d’Argenteuil.

Enfin, le troisième événement qui motive cette ostension exceptionnelle, c’est la fête des 150 ans de la Basilique d’Argenteuil, le 22 mars prochain. Il s’agit là aussi d’un bel événement dans notre histoire diocésaine.

C’est une grâce extraordinaire que ces trois événements se conjuguent, et c’est ce qui m’a conduit à décider d’offrir aux fidèles la possibilité de vivre une ostension exceptionnelle de la Sainte Tunique.

LE SIGNE QUE LE CHRIST S’EST ENGAGÉ JUSQU’AU BOUT
J’aime dire que la sainte Tunique est une icône. « Icône » en grec signifie « image ». Dans la tradition orientale, l’icône tient une très grande place. La Tunique est un signe, pour nous chrétiens, que le Christ s’est engagé jusqu’au bout, jusqu’au don total de lui-même. La passion et la croix de Jésus sont comme la signature, pour nous chrétiens, de sa vie donnée pour le salut de tous les hommes. Nous croyons fermement qu’il n’a pas choisi la violence, qu’il a fait confiance en Dieu son Père et qu’il a pardonné à ses bourreaux.

La mémoire de cet événement est essentielle pour nous et pour notre monde, marqué par la violence, par la division et souvent par les haines.

Son message s’adresse à tous, et pas uniquement aux fidèles catholiques. Il porte au-delà des clivages des cultures, au-delà des oppositions et des différences de religions. Nous poursuivons ensemble ce travail commun pour que la paix advienne et que la violence soit dépassée. Je considère que l’ostension de la Sainte Tunique est une occasion privilégiée de vivre cette dimension.

Un autre message de la Sainte Tunique est l’invitation au pardon. Le pardon est vital pour chacun et pour la vie en société. Ce qui est vrai dans nos vies personnelles l’est aussi pour nos communautés, pour nos institutions. Si le pape François propose une année de la Miséricorde, c’est pour que nous revenions à la source qui fonde la Miséricorde, à Dieu notre Père. C’est lui qui nous permet de vivre en frères les uns avec les autres, quelles que soient les couleurs de peau, les langues, les appartenances religieuses. Dieu est Miséricorde et nous sommes appelés en conséquence à vivre cette miséricorde.

L’ESSENTIEL : MARCHER À LA SUITE DU SEIGNEUR
Des recherches scientifiques ont été menées autour de l’authenticité de la Sainte Tunique. D’autres seront encore menées, et elles sont tout à fait légitimes et instructives. Les travaux des historiens et des différentes disciplines scientifiques se conjuguent pour réfléchir, analyser… Mais ce n’est pas là l’essentiel. Notre foi chrétienne ne repose pas sur l’authenticité de la Saint Tunique. Celle-ci n’est pas de l’ordre du dogme, même si elle représente un appui solide pour notre foi, car il est important d’avoir des attestations et des traces. L’essentiel, c’est que cette « icône » nous invite à entrer dans une démarche de foi, à la suite du Christ.

Tout ce que nous allons vivre dans la dynamique de l’ostension, avec des personnes qui viendront de tous les horizons, est bien à considérer dans ce but : partager l’essentiel de la foi. Nous vivons souvent en surface, sans avoir l’occasion de nous arrêter et de faire silence.

Si l’ostension est l’occasion privilégiée pour chacun d’aller au cœur de la foi chrétienne, le challenge sera gagné ! Non pas gagné simplement pour trois semaines mais pour que, dans l’avenir, nous mettions toujours plus nos pas dans ceux du Christ. Il est celui qui porte nos souffrances, nos difficultés et nos épreuves. L’ostension ne doit pas simplement être un événement réussi : elle doit être un événement porteur de sens et de dynamisme pour nous apprendre à mieux vivre fraternellement, tournés vers le Christ.

Source : Conférence de presse du 12 novembre 2015