SE PRÉPARER
À L'OSTENSION

Méditation de Brigitte, volontaire de l’Ostension 2016. Son témoignage nous invite à accueillir l’engagement et ce qu’il bouleverse en nous.

Ce fut une extraordinaire aventure. Pourtant la vénération des reliques n’avait pas beaucoup de sens pour moi mais je sentais que je ne pouvais pas rester loin de cet évènement qui allait transformer Argenteuil, ville où je suis née.

Après m’être inscrite, les réunions de préparation m’ont surprise. Est-ce que vraiment autant de personnes allaient se déplacer pour voir la Sainte Tunique ? Y a-t-il une telle ferveur à l’égard des reliques ? Je trouvais que cela était d’un autre monde, d’une autre époque …

Pourtant de magnifiques rencontres se sont présentées à moi. Le Seigneur a mis sur mon chemin une équipe dynamique qui œuvrait pour que tout se passe pour le mieux. Dès que je pouvais, le week end et après mon travail je les retrouvais.  J’y ai rencontré de belles personnes et quand nous nous revoyons encore aujourd’hui nos yeux sont illuminés par ce que nous avons vécu et des liens imperceptibles nous unissent.

Enfin le grand jour est arrivé. Et là quelle ne fut pas ma surprise en voyant des familles, des groupes, des personnes seules venant de tout horizon attendre patiemment de pouvoir entrer dans la basilique.

Je me souviens des soirs où une file d’attente si importante qu’on n’en voyait pas la fin attendait sagement sur le trottoir d’assister à la messe où des personnalités étaient invitées chaque jour. A 19h les portes se fermaient et bien nombre d’entre elles restaient dehors. Pourtant il faisait froid, quelques fois il pleuvait, mais elles restaient à attendre jusqu’à 21h que les portes s’ouvrent enfin. Et tout cela, pour pouvoir passer quelques secondes devant la Sainte Tunique car il y avait tellement de monde qu’il était impossible de se recueillir devant elle. Cela m’a rendue triste qu’elles ne puissent pas se prosterner plus longtemps. Leur frustration était la mienne.

Je me souviens de cette femme qui arrivant de Suisse à 8h du matin me demandait comment elle pouvait aider. Elle me confiait qu’elle avait fait l’aller-retour dans la journée pour assister à cet évènement.

Je me souviens aussi de ces rencontres avec les habitants des villes alentours qui me confiaient qu’ils ne connaissaient pas l’existence de cette relique à Argenteuil.

Je me souviens de cette personne en fauteuil roulant entourée de sa famille qui se demandait comment elle allait entrer. Elle me confiait qu’ils avaient fait un long chemin, qu’il était impossible qu’elle ne puisse rentrer. Je leur ai demandé de patienter. J’ai cherché une personne du service d’ordre. Sa première réponse fut que cela était impossible. Je leur ai dit que rien n’ait impossible à Dieu. Alors elle m’a accompagné jusqu’à cette famille que nous avons faite passer par derrière. Ils étaient tellement heureux.

Je me souviens aussi de cette joie profonde de rentrer le soir dans la basilique où des centaines de bougies étaient éclairées. Une chaleur s’en dégageait qui apportait une paix intérieure, une profonde communion avec le Seigneur, il était là parmi nous.

Je me tenais là au milieu de tous ses pèlerins pour les renseigner ou les diriger. Comme il est bon de voir ce peuple de Dieu cheminer dans la paix. Comme il est bon de se sentir en famille autour de notre Seigneur et faire monter nos intentions de prière vers lui. Comme il est bon de sentir sa miséricorde nous envahir au plus profond de nous.

Le soir vers 22h30 je rentrais seule. Une marche d’une vingtaine de minutes m’attendait. J’étais sur un petit nuage, heureuse de revenir le lendemain.

Mais tout à une fin et le dimanche clôturait ce magnifique pèlerinage.

Le lundi matin je rencontre sur le pas de ma porte des voisins paroissiens qui me disent aller faire le ménage dans la basilique. Une d’elle était malade elle me propose de la remplacer. J’y vais d’un pas léger en me disant que c’était une bonne chose que je puisse encore donner un peu de moi.

J’arrive à la basilique, une équipe de ménage se constitue. Nous passons le balai consciencieusement en nous remémorant tous ses événements à voix basse. Et puis voilà de l’agitation autour de nous. La restauratrice venait d’arriver pour déposer la Sainte Tunique dans son reliquaire. Alors nous nous sommes arrêtés religieusement. Je me suis mise à genoux, envahie par la présence du Christ, comme il m’arrive quelques fois de le sentir tout proche de moi. Le temps était suspendu. J’ai remercié le Seigneur de m’avoir permis d’assister à cet évènement. La Tunique sans couture de notre Seigneur, tissée par la Vierge Marie, portant son sang, avait rejoint sa chapelle.

Bien sûr j’ai rencontré des personnes qui n’adhèrent pas à cette ferveur des reliques. Moi je sais aujourd’hui une chose : qu’importe le chemin emprunté s’il nous emmène vers le Christ, c’est un chemin d’amour et de communion qui nous enracine plus profondément dans la foi.

« Celui qui est affectionné pour quelqu’un vénère aussi les choses que cette personne a laissées d’elle-même après sa mort » enseigne Thomas d’Aquin