Crucifixion Van Eyck

MÉDITATIONS DU VENDREDI #5 : « C’EST PAR LE SANG PRÉCIEUX DE CHRIST (…) QUE VOUS AVEZ ÉTÉ RACHETÉS »

C’est par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache, que vous avez été rachetés
(1 P 1, 19)

La Passion du Christ nous met au contact du sang : celui de l’agonie, de la flagellation, du couronnement d’épines et enfin celui de la croix et du cœur ouvert. La Tunique est couverte de ce sang précieux de l’Agneau. Dans la Bible, le sang représente la vie et cela a trois conséquences :

  • L’interdit du meurtre : « Quant au sang, votre principe de vie, j’en demanderai compte (…) à tout homme » (Gn 9, 5). Si le sang est versé par l’homme, ce sang « crie vers Dieu » et Dieu promet le jugement des « hommes de sang ». Il présente un visage vengeur contre son peuple qui s’est détourné de lui : « 1 Quel est celui-là qui arrive d’Édom, qui vient de Bosra, vêtu de rouge, celui-là, superbe en son habit, qui s’avance plein de force ? « Moi, je proclame la justice et j’ai le pouvoir de sauver. » 2 Mais pourquoi ces habits écarlates, ce vêtement de fouleur au pressoir ? 3 « À la cuve, j’étais seul à fouler : personne de mon peuple avec moi ! Et je les ai foulés dans ma colère, je les ai piétinés dans ma fureur. Leur sang a giclé sur mes vêtements, j’ai taché tous mes habits. » Pourtant Isaïe continue : « Ce n’était ni un messager ni un ange, mais sa face qui les sauva. Dans son amour et sa compassion, lui-même les racheta » (Isaïe 63 1-3.9). Quelle belle prophétie du sang de l’Agneau !
  • Les interdits alimentaires liés au sang respectent la même logique : Le sang comme la vie n’appartient qu’à Dieu. C’est pour cela que dans l’Ancienne Alliance, il n’était pas permis de boire le sang et de manger de la viande non saignée.
  • L’usage du sang dans le culte. L’alliance de Dieu et de son peuple est toujours scellée par un rituel où le sang rentre en compte. Pour la consécration de l’autel (qui représente Dieu), du sang d’animal est répandu moitié sur l’autel, moitié sur le peuple. « Ceci est le sang de l’alliance que le Seigneur a conclue avec vous » (Ex 24, 3-8). Dans les sacrifices, expiatoires surtout, on le répand par aspersion sur le peuple et le grand prêtre au jour des pardons entre dans le Saint des Saints avec le sang des victimes offertes pour les péchés du peuple et pour les siens.

Le Nouveau Testament va reconnaître une autre valeur au sang, celle du sang innocent, du « précieux sang » (1 P 1, 19) versé pour la rédemption des hommes. Judas reconnaîtra qu’il a livré un sang innocent : « J’ai péché, en livrant le sang innocent. » (Mt 27, 4). Pilate s’en lave les mains : « Je suis innocent du sang de ce juste » (Mt 27, 24).

Mais la Passion a une autre face : Jésus a présenté aux disciples la coupe de vin à boire en disant : « Ceci est le sang de l’alliance versé pour une multitude en rémission des péchés » (Mt 26, 28). Alliance nouvelle qui se substitue à celle du Sinaï mais aussi sacrifice d’expiation suivant la prophétie d’Isaïe : le sang innocent injustement versé devient sang de la rédemption : « Par ses blessures, nous sommes guéris » (53, 5). Et puisque le sang représente la vie ; et puisque Jésus est vrai homme et vrai Dieu, c’est bien le sang de ce Dieu fait homme qui nous est donné, la vie même de Dieu qui nous est offerte. Par lui nous sommes justifiés (Rom 5,9), rachetés (Ep 1,7) acquis à Dieu (Ac 20 , 28). C’est dans le sang de l’Agneau qu’à l’image des martyrs nous pouvons laver nos robes : « Ils ont lavé leurs robes, et ils les ont blanchies dans le sang de l’agneau ». Du sang qui blanchit des vêtements ? Voici bien l’idée de la Miséricorde parfaitement exprimée dans ce verset de l’Apocalypse. Dieu nous associe à lui aussi par sa croix et sa Passion : en donnant tout, nous gagnons tout ! En suivant Jésus dans son geste d’amour infini, nous sommes sauvés… Saint Jean verra le sang et l’eau jaillir du cœur transpercé par la lance. L’eau représente l’Esprit livré dans le mystère pascal et le sang est la vie même de Dieu à laquelle nous communions : « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle » (Jn 6, 54). Jésus nous l’a dit : « Ceci est mon sang ».

En s’inclinant devant la Sainte Tunique que notre sensibilité le comprenne : à chaque messe nous communions vraiment au sang du Christ, au sang de l’Alliance nouvelle et éternelle. Ce sang a été versé pour nous (pour moi !) et nous en sommes comme les dépositaires tremblants et fiers d’être ainsi lavés, associés au mystère de l’amour infini.

Père Guy-Emmanuel Cariot, recteur

MÉDITATION

Pour méditer cette semaine : Le sang du Christ a été répandu pour chacun. Sans exception. « Leur sang a giclé sur mes vêtements, j’ai taché tous mes habits. » disait le Seigneur dans le livre d’Isaïe. Là c’est son propre sang qui est versé, c’est son propre sang, celui de l’agonie et de la flagellation, qui imbibe sa Sainte Tunique. Du mal qui lui est fait, Jésus n’accuse personne. Il prie pour que nous soyons pardonnés du haut de la croix. Ouvrons nos cœurs à cela : Préparons-nous à recevoir son sang dans les sacrements et particulièrement avant Pâques et pendant l’ostension par celui de la confession, nous souvenant de cette affirmation du Christ dans le Dialogue de Sainte Catherine de Sienne : « Ce Sang, mes ministres le répandent sur le visage de l’âme par l’absolution ». Ne passons pas à côté de la Miséricorde de Dieu ! « Que personne, en cette année jubilaire, ne s’exclue de l’accolade du Père! » (Incarnationis Mysterium, Saint Jean Paul II)

Prière de la semaine : Par ta Sainte Tunique, sauve-moi, Jésus !