« Nous allons vivre un très grand moment d’Église, unis à nos frères persécutés pour leur foi »

Père Guy-Emmanuel Cariot, vous êtes recteur de la basilique d’Argenteuil. Quel est le sens de la journée de vénération de la Sainte Tunique que vous organisez ce dimanche 18 mars 2018 ?

Depuis plusieurs années, le cinquième dimanche de Carême, dernier dimanche avant les Rameaux, la basilique d’Argenteuil organise une journée de dévotion auprès de la Sainte Tunique. C’est une tradition que nous voulons poursuivre et amplifier. Nous avons le privilège de conserver ici depuis des siècles une relique textile exceptionnelle de la Passion. Nous ne pouvons pas garder ce trésor sous le boisseau. La Sainte Tunique, qui a recueilli le sang de Jésus au long du chemin de croix jusqu’au Calvaire, n’est certainement pas un objet banal : elle est une catéchèse matérielle sur les souffrances et le sacrifice de Jésus Christ pour le rachat de nos péchés. Je crois qu’elle a encore énormément à nous apporter pour nous faire grandir dans la foi.

« Passion du Christ, Passion de l’Église », c’est le thème de cette journée. Pourquoi avoir choisi ce parallèle ?

L’Église, corps du Christ, connaît les mêmes épreuves que son maître. Or il est frappant de constater que la Sainte Tunique elle-même a subi au cours de son histoire les aléas des épreuves de l’Église. Le vêtement du maître concentre et résume en lui des persécutions multiples subies par les chrétiens depuis le jour de la Passion.

« La Sainte Tunique a encore énormément à nous apporter. »

Si la Tunique est arrivée à Argenteuil, c’est qu’elle était menacée en Orient par les invasions à Jérusalem d’abord, puis par l’instabilité politique à Constantinople. Elle a été cachée pour être préservée des invasions vikings. Elle a été menacée de destruction par la Guerre de Cent ans et les guerres de religion. Elle a été découpée en morceaux lors de la Révolution française, ensevelie en terre, et perdue pour partie. Et menacée d’oubli au vingtième siècle, elle a été victime du matérialisme sceptique de notre époque. Elle porte en elle les traces de la Passion de l’Église en France et en Occident. C’est ce que nous voulons souligner au cours de cette journée : les chrétiens ont beaucoup souffert au cours des siècles, la Sainte Tunique nous le rappelle ; et un grand nombre de chrétiens souffrent aujourd’hui dans le monde entier, nous devons non seulement ne pas l’oublier, mais les porter avec ferveur et solidarité dans la prière. C’est ce que nous ferons le 18 mars.

Le Père Jacques Mourad, prêtre syrien et ex-otage de Daesh en 2015, va prendre la parole dimanche. Qu’attendez-vous qu’il dise ?

Qu’il nous enseigne ! Mais je suis certain que ce sera le cas, car cet homme, passé par l’épreuve de la foi et de la souffrance, dégage une paix évangélique palpable. L’épreuve indicible des chrétiens d’Orient depuis quelques années, en Syrie et en Irak, a laissé vivants des hommes et des femmes qui semblent être entrés dans une autre dimension de la vie chrétienne que nous-mêmes, Occidentaux.

« Lorsque l’on écoute le Père Jacques Mourad, on retrouve la parole de Jésus. »

Ils sont habités par une force, une certitude, un réalisme spirituel et une espérance qui en font des maîtres pour nous. Lorsque l’on écoute le Père Jacques Mourad, qui a déjà donné plusieurs témoignages depuis sa libération de captivité, on retrouve la parole de Jésus. J’encourage vraiment tous ceux qui le peuvent à nous rejoindre à Argenteuil ce dimanche après-midi. Nous y vivrons un très grand moment d’Église, unis à nos frères orientaux et à tous ceux qui dans le monde entier, paient dans leur chair et dans l’humiliation leur fidélité au Fils unique de Dieu. Je crois que de grandes grâces seront données au cours de cette journée de prière.